Pas de viande clonée dans nos assiettes: mardi 8 septembre, les parlementaires européens se sont prononcés à une forte majorité pour l’interdiction totale de ces produits, aussi bien issus d’animaux clonés que de leur descendance.
Que de chemin parcouru depuis Dolly, première brebis clonée, en 1996: moins de 20 ans plus tard, plusieurs pays, dont les Etats-Unis, le Canada, l’Australie, l’Argentine et le Brésil recourent à cette technique pour améliorer la sélection d’animaux à fort rendement. Or les eurodéputés ne l’entendent pas de cette oreille, loin de là.
A 529 voix pour, 120 contre et 57 abstentions, ils ont approuvé aujourd’hui son interdiction totale.
Quel soulagement de savoir que sont concernés non seulement les animaux clonés, les embryons clonés et les produits qui en sont issus, mais également tous les animaux issus de leur descendance, ainsi que leurs produits (viande, lait, etc.) et le matériel séminal (sperme, ovocytes) –ce en quoi le Parlement va plus loin que la Commission, qui ne s’en tenait qu’aux seuls animaux clonés. Alors là il y à du bon dans la traçabilité.
Aucune importation, toutes les espèces concernées
Autre nouveauté majeure, les députés demandent l’interdiction de toute importation de ces produits à partir de produits tiers. Tous les animaux d’élevage seraient concernés, et pas seulement ceux des espèces bovine, porcine, ovine, caprine et équine, comme le proposait la Commission –qui laissait ainsi la porte ouverte aux poulets clonés. Une interdiction que les députés européens verrouillent encore plus, en souhaitant qu’elle fasse l’objet d’un règlement européen, et non d’une directive.
Enfin, le Parlement s’est prononcé pour une interdiction «définitive», et non «provisoire» comme la Commission le proposait. Les députés ont en revanche maintenu la clause de révision et de rapport, en fonction des évolutions scientifiques et techniques. Pour l’instant, force est de constater que les conditions sont loin d’être réunies, notamment en termes de santé et de bien-être animaux.
Les choses ont en effet peu évolué depuis 2008, lorsqu’un rapport de l’Autorité européenne de sécurité des aliments (Efsa) notait que «les faibles taux d’efficacité résultant du clonage (6 à 15% pour les espèces bovines et 6% pour les espèces porcines) [rendaient] nécessaire l’implantation d’embryons clonés dans plusieurs mères de substitution pour obtenir un clone. En outre, les anomalies des clones et la grosseur inhabituelle des petits causent des parturitions difficiles et des pertes néonatales».
Les Européens opposés au clonage
Pour l’eurodéputée allemande Renate Sommer (Parti populaire européen), co-rapporteuse de la commission environnement du parlement, «la technique du clonage n’est pas totalement mature, et en fait, aucun progrès n’a été fait grâce à elle. Le taux de mortalité reste toujours aussi élevé. Bon nombre des animaux qui sont nés vivants meurent dans les quelques premières semaines, et ils meurent douloureusement. Devrions-nous permettre cela? ».
Interrogés en 2010 dans le cadre d’un Euro-baromètre, 63% des Européens estimaient que la viande issue d’animaux clonés n’était pas sans danger sanitaire, et 49% disaient y voir une nuisance pour l’environnement. Au final, ils étaient 70% à considérer qu’il ne fallait pas encourager cette technique, les Français figurant parmi les plus méfiants (84%).
Prochaine étape, les co-rapporteurs du Parlement européen vont ouvrir des négociations avec le Conseil de l’UE sur la forme définitive de la législation. La discussion s’annonce difficile: non seulement plusieurs pays craignent des rétorsions de la part de leurs partenaires commerciaux, mais la Commission s’avère peu favorable à une interdiction aussi radicale que celle adoptée par les députés.
Article d’après le journal de l’environnement